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Cataclysme ultime, le "Death Stranding" a aboli la frontière entre le monde des morts et celui des vivants. L'eau de pluie accélère désormais l'érosion et le vieillissement de tout ce qu'elle touche, contraignant l'humanité à se réfugier dans des bunkers souterrains. Des spectres, surnommés "Échoués", sillonnent la surface désolée, noyant le moindre vivant qu'ils croisent dans les lacs de poix dont ils émergent... le moindre contact causant une explosion dévastatrice. La Sixième Extinction de masse est en marche.

L'humanité persiste malgré tout, notamment sur le continent américain grâce à l'abnégation de livreurs qui se risquent à braver la surface pour satisfaire aux besoins des dernières communautés de survivants. Parmi eux, Sam Porter-Bridges. Fils adoptif de la Présidente d'États-Unis désormais disparus, il se voit confier par ses employeurs la mission de raccorder les différents bunkers à un nouveau réseau de télécommunication, premier pas vers l'instauration des Cités-Unies d'Amérique... Mais toutes les entreprises ont-elles vocation à être rétablies ?

"Sam Porter-Bridges... The man who delivers."

Death Stranding (littéralement "Échouement de la Mort") est hanté par l'échec. Échec de son créateur Hideo Kojima à sortir de la spirale Metal Gear chez Konami, hantise d'un MGSV inachevé alors qu'il devait parachever la boucle temporelle de la saga, trahison des espoirs placés dans le projet avorté Silent Hills. Un rêve de plénitude et d'accomplissement qui toujours se dérobe, pris au piège des jeux de pouvoir qui subvertissent les interactions entre les hommes : derrière le cyberpunk, le pacifisme anti-nucléaire et la cinéphagie de l'otaku, cette tragédie sourde constitue malgré lui le fil rouge de l'œuvre de Hideo Kojima.

Au terme d'un divorce retentissant avec la maison Konami en 2015, cette prise d'indépendance du créateur a donc tout d'une mise à nu, pour le meilleur et pour le pire. Dépouillé d'un socle référentiel étouffant, il peut enfin se réinventer dans une proposition ludique radicale, et synthétiser ses obsessions sous le prisme d'un fantastique post-apocalyptique. Death Stranding fera d'un expédient du monde ouvert (la quête Fedex) son cœur de gameplay. L'ironie tragique des situations devra accuser le matraquage de dialogues verbeux, dont le surjeu explicatif devrait pourtant nous interpeller. Enfin, les fantômes du passé rappelleront aux survivants la réalité de ce qu'ils essayent, à la sueur de leur front et en dépit du bon sens, de reconstruire.

Ce paradoxe temporel, thématique et créatif méritait bien un épisode à lui tout seul, avant de se lancer à corps perdu dans Death Stranding 2: On the Beach !


Créé et animé par @pierrolbius et @Kirabochips
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Sources et bibliographie

Nos recommandations :

  • Olbius : La trilogie Metal Gear Solid (1998, 2001, 2004)
  • Karel : Tu ne mentiras point (Tim Mielants, 2024) ; Violet Evergarden (Kyoto Animation, 2018)

Musiques utilisées :

  • Flashygoodness - Title Theme (Bean Dreams) | Lien Bandcamp : https://urlz.fr/i6m7
  • Taylor Ambrosio Wood - Adventure for Percussion Quartet (TESSERACT: An Acoustic FEZ Album) | Label Materia Collective https://urlz.fr/i6ma