Hémisphères · Podcast

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Le carrefour des explorateur·ice·s de l'imaginaire

Olbius et Karel

Hémisphères est une émission mensuelle d'exploration de l'imaginaire créée et animée par Karel et Olbius. Chaque épisode est articulé autour d'une œuvre issue d'un médium visuel (cinéma, jeu vidéo, bande dessinée, série). Dans une perspective de découverte mutuelle, nous cherchons à saisir les résonances symboliques, culturelles, historiques et philosophiques des œuvres choisies.

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1000xRESIST · Le trauma dans la peau

Bienvenue dans Hémisphères, le carrefour des explorateur·ice·s de l'Imaginaire !

Terre, futur indéterminé. Des clones, toutes dérivées d'une même jeune femme baptisée MÈRE-DE-TOUTES, peuplent un Jardin souterrain où elles ont formé une nouvelle société dirigée par la Principale et cinq Sœurs : Qui-Répare, Qui-Sait, Qui-Fait-Boum, Qui-Soigne et Qui-Observe. Le joueur contrôle cette dernière, nouvellement promue, qui doit s'initier à sa nouvelle vocation via des Communions où elle revisite les souvenirs de l'entité dont elles sont issues... Mais quel lourd secret se cache derrière ce rituel ? La MÈRE-DE-TOUTES est-elle vraiment celle que l'on prétend ? Quel est cet "Au-delà" où elle s'est retirée ?

"Ta génération se souvient de trop de choses pour son propre bien."

Dans l'environnement balisé du walking simulator voire du visual novel, 1000xRESIST est une belle anomalie. Par son cadre de production, déjà : échafaudé pour mener à bien ce projet, le studio Sunset Visitor est d'abord composé d'acteur·ice·s de théâtre, privé·e·s de leur activité par le COVID-19. Mais si la pandémie a placé le jeu vidéo au cœur des échanges culturels en ligne, elle aura surtout sifflé la fin des révoltes massives menées par le peuple hong-kongais en réaction aux ingérences du gouvernement chinois dans leur État de droit.

Ce tiraillement entre profusion culturelle et défaite politique irrigue toutes les ramifications de 1000xRESIST. Produits et reproduits au gré des surcharge d'informations, souvenirs, rémanences, interférences et autodafés, l'Histoire et le portrait impossible de son autrice s'y dérobent sous les yeux de Qui-Observe, protagoniste empêchée dont la vocation semble refuser au joueur tout pouvoir sur les évènements. Mais est-ce si vrai ? Se souvenir, se montrer attentif à ce que d'autres voudraient occulter ou laisser disparaître, n'est-ce pas là une résistance discrète à même de subvertir l'arbitraire et ses appareils ?


Créé et animé par @pierrolbius et @Kirabochips
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Sources et bibliographie

Nos recommandations :

  • Olbius : Final Fantasy Tactics: The Ivalice Chronicles (Square Enix, 2025)
  • Karel : Incubus - S.C.I.E.N.C.E (1997) ; Dave Angel - 39 Flavours of Tech-Funk (1997)

Musiques utilisées :

  • Flashygoodness - Title Theme (Bean Dreams) | Lien Bandcamp : https://urlz.fr/i6m7
  • Taylor Ambrosio Wood - Adventure for Percussion Quartet (TESSERACT: An Acoustic FEZ Album) | Label Materia Collective https://urlz.fr/i6ma
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ONLY LOVERS LEFT ALIVE · Beauté Mortelle

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Adam compose de la musique à Detroit. Eve s'enivre de culture à Tanger. Ces amoureux, que pourtant tout devrait rassembler, vivent chacun leur vie à l'autre bout du globe. Dans la clandestinité et la pénombre, ils observent les atermoiements d'un monde qui court plus vite qu'eux. Et pour cause : Adam et Eve sont des vampires. Mais pour la première fois de leur longue histoire, le temps semble leur manquer... Jusqu'ici témoins et accompagnateurs silencieux des constructions humaines, les voilà rattrapés par l'effondrement imminent d'un monde qu'ils ont esquivé. À quoi peuvent-ils encore se raccrocher ?

"Ils ne comprennent que lorsqu'il est déjà trop tard."

Au vu du pitch, on peut se dire que le réalisateur Jim Jarmusch (Dead Man, Ghost Dog, Paterson) ne devait pas être en super forme, et pourtant : Only Lovers Left Alive est un film des grands jours. Fil directeur de son cinéma, l'ascèse contemplative des artistes se prêtait parfaitement à une relecture contemporaine de la mythologie vampirique, ici plus que jamais tiraillée entre son usure et ses appétits. En résulte un film romantique mais réaliste, dépressif mais vitaliste, où l'ivresse et l'érudition ont un prix que le corps finit toujours par payer.

La pollution et les affres de l'âge thermo-industriel ont altéré de manière irréversible notre sang, qui devient peu à peu impropre à la consommation. La dématérialisation altère le rapport aux objets, au risque de négliger leur histoire. L'ère des contenus induit un besoin de nouveauté permanent, a priori incompatible avec une attention responsable à l'autre. Alors quand vient l'addition, faut-il renégocier sa relation à la Beauté pour pouvoir la retrouver ?


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Sources et bibliographie

Nos recommandations :

  • Olbius : Entretien avec un vampire (Neil Jordan, 1994)
  • Karel : Carimara: Beneath the forlorn limbs (Bastinus Rex, 2025) // Vampire humaniste cherche suicidaire consentant (Ariane Louis-Seize, 2023)

Musiques utilisées :

  • Flashygoodness - Title Theme (Bean Dreams) | Lien Bandcamp : https://urlz.fr/i6m7
  • Taylor Ambrosio Wood - Adventure for Percussion Quartet (TESSERACT: An Acoustic FEZ Album) | Label Materia Collective https://urlz.fr/i6ma
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MOBILE SUIT GUNDAM · Devoir et Devenir

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Siècle Universel, an 0078. Forte des progrès en aérospatiale, l'humanité a établi sa demeure dans diverses colonies à travers le système solaire. Il n'en fallait pas plus pour que l'une d'entre elles, pionnière de la conquête spatiale, proclame son indépendance et précipite une guerre d'ampleur inégalée : la Guerre d'Un an opposera la Fédération Terrestre au nouvellement baptisé duché de Zéon.

Le jeune Amuro Ray, fils d'ingénieur en armement et en robotique, voit son adolescence recluse bouleversée le jour où un commando de Zéon saccage la colonie où il vit, dans le but de détruire le fruit des travaux de son père : le robot géant Gundam. S'improvisant pilote, Amuro repousse l'assaut in extremis et rejoint les réfugiés dans le White Base. Cet équipage de circonstance pourra-t-il survivre à la guerre, tandis qu'il abrite à son bord une arme de destruction massive qui pourrait en solder l'issue ? Écartelés entre leurs rêves de liberté et l'appel du devoir, saura-t-il se faire une place dans un monde qui n'existe pas encore ?

"Ce sont les circonstances qui dictent mes paroles !!!"

Fort de plus de 40 ans d'histoire, de séries en cascades et de produits dérivés, Gundam a tout d'une success story transmédia dont l'animation japonaise a le secret. Et pourtant : des circonstances de sa conception à son annulation prématurée (43 épisodes sur les 52 prévus), c'est dans l'échec que la série de Sunrise voit le jour. C'était sans compter sur l'opiniâtreté et le flair de son réalisateur Yoshiyuki Tomino : conscient que les enfants d'Astro Boy et Mazinger Z ont grandi, assistant à la naissance des premières grandes conventions, il croit dur comme fer en la naissance d'un nouveau public plus âgé, dont la maturité n'aurait pas étouffé la soif d'imaginaire.

Jouant "les fans contre les sponsors", alignant les coups de poker, Tomino obtient gain de cause auprès de la Shochiku : Mobile Suit Gundam prendra sa pleine dimension au cinéma, dans une trilogie de longs-métrages qui culminera sur le final en apothéose tant espéré. Ainsi naît le "real robot", répertoire SF faisant du robot géant le pion de tragédies géopolitiques. Et avec lui, un horizon nouveau s'ouvre : celui d'une animation d'un Nouveau Type, délaissant l'héroïsme archétypal pour rendre compte des équilibres précaires du monde, des abîmes auxquels il risque de s'abandonner, et des destins qui peuvent s'y écrire.


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Sources et bibliographie

Nos recommandations :

  • Olbius : Shinobi: Art of Vengeance (Lizardcube / SEGA, 2025)
  • Karel : Batman: Arkham Asylum (Rocksteady / Warner Bros. Games, 2009) / Metal Gear Rising: Revengeance (PlatinumGames / Konami, 2013)

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LE JUGE ET L'ASSASSIN · Les Vices de la procédure

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Fin du XIXème siècle. Joseph Bouvier (Michel Galabru), ancien militaire sans le sou et sans logis, mendie à travers la France. Éconduit par la belle Louise, rejeté par l'Église, méprisé par quiconque pourrait lui proposer un travail, il tente d'assassiner son amour de jeunesse et de se suicider. Double échec : interné à l'asile de Dole, il est très vite relâché faute d'argent. Avec deux balles dans le crâne pour seules compagnes de route, Bouvier repart sur les routes d'Ardèche et se livre à de multiples viols et assassinats, avant d'être écroué.

Le juge Emile Rousseau (Philippe Noiret) récupère son dossier. Arriviste et ambitieux, il guettait jusque-là cette affaire avec le plus vif intérêt : une condamnation à mort pourrait bien lui ouvrir les portes de Paris, et propulser sa carrière de magistrat. Mais de nombreux éléments y font obstacle : mis à l'asile, gorgé de médicaments, mordu par un chien dans son enfance, Bouvier ne pourrait-il pas plaider la folie, et donc l'absence de responsabilité pénale ? L'est-il seulement, ou joue-t-il la comédie pour échapper à la guillotine ? Et s'il l'est réellement, peut-on seulement soutirer des aveux à un fou ?

"Votre seule manière d'agir me fait prendre pitié de vous."

Derrière ce pitch digne des plus grands polars se cache l'histoire bien réelle de Joseph Vacher, l'un des premiers tueurs en série reconnus comme tels dans l'Histoire de France. Défrayant la chronique par ses prises de position anarchistes et mystiques, mobilisant les médecines civiles et militaires, le cas Vacher fut certes éclipsé par l'affaire Dreyfus dans l'imaginaire collectif mais fascine encore les criminologues. Pour sa part, le cinéaste, critique et documentariste Bertrand Tavernier (Coup de torchon, La Vie et rien d'autre, La Guerre sans nom) y aura sans doute trouvé matière à revisiter une époque charnière de notre Histoire : la IIIème République.

Car pour Tavernier, tout se passe comme si l'affaire Bouvier/Vacher cristallisait les contradictions internes de notre mythologie républicaine, au moment même où elle se construit. Ayant profité de la déroute militaire de Napoléon III et réprimé dans le sang les espoirs de la Commune, la France bourgeoise de Jules Ferry et d'Adolphe Thiers se cherche alors une légitimité. Pour purger la défaite, il faut des coupables : culture "enjuivée", dégénérescence de la "race", anti-intellectualisme, répression sanguinaire des mouvements sociaux... En somme, traquer l'anti-France pour mieux préparer "la Der des der". C'est à la lumière de cette recontextualisation proposée par Tavernier que le cas Bouvier/Vacher ouvre des perspectives critiques radicales sur ce que l'on appelle aujourd'hui "ordre républicain".


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Sources et bibliographie

Nos recommandations :

  • Olbius : Dixième chambre, instant d'audience (Raymond Depardon, 2004)
  • Karel : Un Roi sans divertissement (Jean Giono, 1947) // Superman (James Gunn, 2025)

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DEATH STRANDING · Persistance dans l'échec

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Cataclysme ultime, le "Death Stranding" a aboli la frontière entre le monde des morts et celui des vivants. L'eau de pluie accélère désormais l'érosion et le vieillissement de tout ce qu'elle touche, contraignant l'humanité à se réfugier dans des bunkers souterrains. Des spectres, surnommés "Échoués", sillonnent la surface désolée, noyant le moindre vivant qu'ils croisent dans les lacs de poix dont ils émergent... le moindre contact causant une explosion dévastatrice. La Sixième Extinction de masse est en marche.

L'humanité persiste malgré tout, notamment sur le continent américain grâce à l'abnégation de livreurs qui se risquent à braver la surface pour satisfaire aux besoins des dernières communautés de survivants. Parmi eux, Sam Porter-Bridges. Fils adoptif de la Présidente d'États-Unis désormais disparus, il se voit confier par ses employeurs la mission de raccorder les différents bunkers à un nouveau réseau de télécommunication, premier pas vers l'instauration des Cités-Unies d'Amérique... Mais toutes les entreprises ont-elles vocation à être rétablies ?

"Sam Porter-Bridges... The man who delivers."

Death Stranding (littéralement "Échouement de la Mort") est hanté par l'échec. Échec de son créateur Hideo Kojima à sortir de la spirale Metal Gear chez Konami, hantise d'un MGSV inachevé alors qu'il devait parachever la boucle temporelle de la saga, trahison des espoirs placés dans le projet avorté Silent Hills. Un rêve de plénitude et d'accomplissement qui toujours se dérobe, pris au piège des jeux de pouvoir qui subvertissent les interactions entre les hommes : derrière le cyberpunk, le pacifisme anti-nucléaire et la cinéphagie de l'otaku, cette tragédie sourde constitue malgré lui le fil rouge de l'œuvre de Hideo Kojima.

Au terme d'un divorce retentissant avec la maison Konami en 2015, cette prise d'indépendance du créateur a donc tout d'une mise à nu, pour le meilleur et pour le pire. Dépouillé d'un socle référentiel étouffant, il peut enfin se réinventer dans une proposition ludique radicale, et synthétiser ses obsessions sous le prisme d'un fantastique post-apocalyptique. Death Stranding fera d'un expédient du monde ouvert (la quête Fedex) son cœur de gameplay. L'ironie tragique des situations devra accuser le matraquage de dialogues verbeux, dont le surjeu explicatif devrait pourtant nous interpeller. Enfin, les fantômes du passé rappelleront aux survivants la réalité de ce qu'ils essayent, à la sueur de leur front et en dépit du bon sens, de reconstruire.

Ce paradoxe temporel, thématique et créatif méritait bien un épisode à lui tout seul, avant de se lancer à corps perdu dans Death Stranding 2: On the Beach !


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Sources et bibliographie

Nos recommandations :

  • Olbius : La trilogie Metal Gear Solid (1998, 2001, 2004)
  • Karel : Tu ne mentiras point (Tim Mielants, 2024) ; Violet Evergarden (Kyoto Animation, 2018)

Musiques utilisées :

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