Hémisphères · Podcast

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Le carrefour des explorateur·ice·s de l'imaginaire

Olbius et Karel

Hémisphères est une émission mensuelle d'exploration de l'imaginaire créée et animée par Karel et Olbius. Chaque épisode est articulé autour d'une œuvre issue d'un médium visuel (cinéma, jeu vidéo, bande dessinée, série). Dans une perspective de découverte mutuelle, nous cherchons à saisir les résonances symboliques, culturelles, historiques et philosophiques des œuvres choisies.

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HADES · Sous mon sang, la grenade

Bienvenue dans Hémisphères, le carrefour des explorateur·ice·s de l'Imaginaire !

Hadès, dieu des Enfers, remplit son office dans les profondeurs de la Terre. Menant sa cour avec une poigne de fer, il veille à ce que toutes les âmes soient à leur place... mais son fils Zagreus ne l'entend pas de cette oreille. Nyx, sa mère adoptive et incarnation de la nuit, lui laisse miroiter une échappatoire possible : à lui de faire le mur pour tracer sa route jusqu'à la surface, remontant le fleuve de sang qui sépare les défunts et les vivants. Mais quelles vérités l'attendent de l'autre côté du Styx ? Quelle est la véritable nature de son lien avec les Olympiens ? À quel prix cette famille peut-elle être recomposée ?

"Il n'y a aucune issue."

Fort de son plébiscite critique et commercial, Hades est une success story à l'échelle du monde du jeu vidéo indépendant. Il faut dire que la maison Supergiant Games n'en est pas à son coup d'essai : créé en 2009 par Amir Rao et Gavin Simon, rejoints entre autres par Greg Kasavin et Jen Zee, le studio s'illustre très tôt avec Bastion, transforme l'essai avec Transistor et connaît un succès plus confidentiel avec Pyre. Chacun à leur manière, ces trois titres installent la patte d'un studio héritier du hack-and-slash, soucieux de l'intégration de la narration et du gameplay, porté par une identité visuelle élégante et recherchée.

Autant d'éléments que le studio se propose de synthétiser dans un processus de création au long cours : le modèle économique de l'accès anticipé d'une part, la mécanique itérative du roguelite d'autre part, avec en tête l'ambition d'opérer une relecture ludique et pertinente de la mythologie grecque – et en ligne de mire, une sortie pour fêter les 10 ans du studio... Un challenge homérique amplement relevé, que nous revisitons à la faveur de ce 22ème épisode !


Créé et animé par @pierrolbius et @Kirabochips
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Sources et bibliographie

Nos recommandations :

  • Olbius : Memory (Michael Franco, 2024)
  • Karel : Love Lies Bleeding (Rose Glass, 2024) / Gods of Egypt (Alex Proyas, 2016)

Musiques utilisées :

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DRAGON BALL · Faire vœu d'humanité

Bienvenue dans Hémisphères, le carrefour des explorateur·ice·s de l'Imaginaire !

Après avoir croisé la route de l'aventureuse Bulma, le jeune enfant sauvage Son Goku la rejoint dans sa quête des mystérieuses Dragon Balls. Il est dit qu'une fois réunis, ces sept artefacts mystiques pourraient exaucer le vœu de leur détenteur. Mais ces derniers éveillent bien des convoitises, et donc autant de dangers pour le monde s'ils venaient à tomber entre de mauvaises mains ! Goku, dont le potentiel semble infini, ne sera pas de trop pour venir à bout de ces nouvelles menaces... Mais d'où tire-t-il toute sa force ?!

"Je vais absorber C-17 et C-18 et je retourne à Mali Food."

Classique, incontournable, légendaire. Impossible d'esquiver Dragon Ball dès lors qu'on veut s'aventurer dans l'archipel foisonnant du manga ! Née de l'imagination débordante d'Akira Toriyama après le succès insolent de Dr. Slump, cette adaptation très libre de la Pérégrination vers l'Ouest donne la part belle à la comédie, à l'aventure et aux combats, dans une montée en puissance qui aura transcendé à la fois ses personnages, son lectorat, son industrie et, bon gré mal gré, son propre auteur.

Mais si Dragon Ball est l'histoire d'un individu singulier qui, allant au devant du monde qui l'entoure, développe ses pouvoirs surhumains, il n'oublie pas d'en questionner les origines et le devenir – que ce soit au travers du destin des Saiyans, ou par la raison d'être même des Dragon Balls. Le surhumain est-il par essence inhumain, ou trouve-t-il sa source dans une condition humaine embrassée pour ce qu'elle est ? Devenir plus fort, est-ce d'abord savoir ce que nous voulons, pour nous-mêmes et pour les autres ? Peut-on vraiment être fort sans faire vœu d'humanité ?

Navigant entre exégèse et hommage, cet épisode se veut à la fois la célébration des 40 ans d'un manga qui a porté trois générations de lecteur·ice·s, et la commémoration d'un artiste à jamais immortel.


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Sources et bibliographie

Nos recommandations :

  • Karel : Jump, l'âge d'or du manga (Hiroki Goto, Kurokawa, 2019) // Shin Ultraman (Shinji Higuchi, 2022)
  • Olbius : Le Deuxième acte (Quentin Dupieux, 2024) // Subnautica (Unknown Worlds, 2014)
  • Et Mali Food, 56 Rue de Paris, 77127 Lieusaint bien sûr !!!

Musiques utilisées :

  • Flashygoodness - Title Theme (Bean Dreams) · Lien Bandcamp : https://urlz.fr/i6m7
  • Taylor Ambrosio Wood - Adventure for Percussion Quartet (TESSERACT: An Acoustic FEZ Album) · Label Materia Collective https://urlz.fr/i6ma
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CITIZEN SLEEPER · Ce que peut un corps

Bienvenue dans Hémisphères, le carrefour des explorateur·ice·s de l'Imaginaire !

Les mécanismes de la dette ayant survécu à la conquête de l'espace, la corporation Essen-Arp propose aux insolvables de les placer en sommeil cryogénique et d'implanter une copie de leur esprit dans un corps de synthèse. Ce dernier, à la force de ses circuits, travaillera pour satisfaire les créanciers... avant d'être réinitialisé, et de recommencer un nouveau cycle. Voilà qui aurait pu être le sort de notre protagoniste, si ce dernier n'avait pas pris la fuite. Sa capsule échoue sur l'Œil d'Erlin, station à l'abandon sur laquelle il lui faudra survivre : nouer de nouvelles alliances, démêler les intrigues locales, échapper à ses poursuivants... et composer avec l'obsolescence programmée d'un corps conçu pour endurer, mais certainement pas pour durer.

"Vous êtes une branche arrachée au tronc principal. Une ramification qui refuse de mourir, pour ainsi dire."

Au croisement du jeu de rôle papier et du jeu d'aventure textuelle, Citizen Sleeper articule son expérience autour des notions de hasard et de risque : chaque journée commence par un jet de dés (plus ou moins nombreux selon votre état de santé), dont le résultat conditionnera l'issue de vos actions. À partir de là, à vous d'optimiser au mieux vos choix pour garantir votre survie et construire votre propre relation au monde. Digérant les codes du cyberpunk dans le canevas du JDR, Gareth Damian Martin injecte dans ce récit son vécu marqué par la précarité : journaliste à EDGE et Rock Paper Shotgun, iel a aussi travaillé entre autres comme graphiste et producteur·ice dans le milieu culturel pour finalement se lancer dans le jeu vidéo avec In Other Waters. Une expérience narrative sublimée par les esthétiques douces-amères d'Amos Roddy (déjà compositeur sur le précédent titre) et de Guillaume Singelin, auteur et illustrateur de BD au Label 619 (The Grocery, P.T.S.D., Frontier).

Fort de sa constellation de personnages et d'un panel de situations extrêmement fourni, Citizen Sleeper ne perd jamais de vue l'ancrage matériel dont découle toutes les questions qu'il se propose d'aborder : ce corps que nous habitons, avec ses besoins, ses manques, ses aptitudes et ses qualités, est-il pour nous un carcan, une carapace protectrice, une preuve que nous sommes bien là, en vie ? En sommes-nous dépositaires ou propriétaires ? À quoi pouvons-nous l'employer ? L'utilité sociale d'un corps se mesure-t-elle aux souffrances qu'il est capable d'endurer ? Notre corps porte-t-il les stigmates de nos aliénations, ou porte-t-il les germes de notre individuation ?


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Sources et bibliographie

Nos recommandations :

  • Olbius : Traffic (Steven Soderbergh, 2000)
  • Karel : P.T.S.D. (Guillaume Singelin, 2019)

Musiques utilisées :

  • Flashygoodness - Title Theme (Bean Dreams) · Lien Bandcamp : https://urlz.fr/i6m7
  • Taylor Ambrosio Wood - Adventure for Percussion Quartet (TESSERACT: An Acoustic FEZ Album) · Label Materia Collective https://urlz.fr/i6ma
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PREMIER CONTACT · L'instant et le vécu

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Louise Banks, enseignante-chercheuse en linguistique, partage sa vie solitaire entre des cours en amphithéâtre et le lac dont elle contemple le rivage depuis sa baie vitrée. C'était sans compter l'arrivée de douze vaisseaux extraterrestres aux quatre coins du globe, et l'irruption de l'armée dans son bureau... Sa mission, si elle l'accepte : décoder la langue de ces "heptapodes" et cerner leurs intentions, sans trahir celles d'une humanité se préparant au pire. Pourquoi sont-ils là ? Que veulent-ils ? Quel est le sens de leur présence sur Terre ?

Rattrapée par un réel dont elle cherche à se préserver, assignée à une mission qu'elle partage avec le physicien Ian Donnelly, Louise doit mobiliser son bagage littéraire et théorique pour décoder bien plus qu'une simple langue... Dans quelle mesure les lois grammaticales propres à une culture renseignent-t-elle sur son système de valeurs, ses cheminements de pensée, son expérience sensorielle du monde ? Qu'apprend-t-on sur nous-mêmes au contact de ce que nous ne comprenons pas ?

"Le langage est le fondement de la civilisation. C'est le ciment qui tient une population, et la première arme dégainée en cas de conflit."

Premier Contact est d'abord l'histoire d'une adaptation : celle d'une nouvelle, "Histoire de ta vie", écrite par Ted Chiang en 1998, où l'auteur questionnait notre rapport au temps par la mise en abyme des lois du langage et des mathématiques. C'est aussi celle d'un tandem : transi par sa lecture, le scénariste Eric Heisserer (Destination Finale 5, reboots de Freddy et The Thing) aura réussi à s'attirer les faveurs du cinéaste Denis Villeneuve (Incendies, Prisoners). Ils s'engagent alors dans un processus créatif périlleux, consistant à traduire en termes audiovisuels le vertige d'une expérience littéraire singulière mais partagée.

Étant donné la dimension auto-réflexive du projet et du twist qui l'accompagne, on aurait vite fait de ranger Premier Contact dans le grand tiroir des films-de-petit-malin... Mais ce serait occulter la richesse du parcours de Louise, à mi-chemin entre une prise de recul amère sur notre condition humaine et une invitation lucide à la vivre pleinement. Ce serait aussi omettre la place singulière qu'il occupe dans la filmographie de Villeneuve. En effet, fort du succès de ses drames Incendies, Prisoners et Sicario, le voilà qui investit le répertoire de la science-fiction, initiant un cycle qui se poursuit aujourd'hui avec l'adaptation de Dune. Mais loin d'être un point de rupture, Premier Contact pourrait bien être un témoin de la constance thématique du cinéaste, qui prend peut-être ici sa dimension d'auteur.


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Sources et bibliographie

Nos recommandations :

  • Olbius : Les Filles d'Olfa (Kaouther Ben Hania, 2023)
  • Karel : La Bête (Bertrand Bonello, 2024) // Bande-son de la version Megadrive de Time Trax (Tim Follin, 1994)

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YAKUZA : LIKE A DRAGON · Le rôle du jeu

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Ichiban Kasuga est un vrai chien de la casse. Abandonné et élevé dans un soapland tokyoïte, ado gamer et bagarreur, il rejoint le clan Tojo à 15 ans sur un malentendu qui coûte un doigt au patriarche dont il se réclamait, puis écope d'une peine de prison pour protéger son jeune maître. 18 années passent. À peine essaye-t-il de renouer avec son parrain que ce dernier lui assène un coup de revolver (trop ?) bien placé et le laisse pour mort. Au terme d'une longue convalescence, Ichiban se réveille enfin dans un bidonville de Yokohama, avec un mystérieux faux billet en poche... Pourquoi cette trahison ? Comment a-t-il atterri ici ? Qu'est-ce qu'un morceau de papier peut bien avoir d'aussi important ? Et pourquoi la vie doit-elle être si dure ?

Du haut de ses 42 ans, Ichiban est catapulté dans un Japon qu'il ne comprend plus : les alliances d'autrefois ont cédé, le miracle économique n'est plus qu'un rêve lointain, et l'avenir semble plus que jamais incertain pour les petites gens de l'archipel. Qu'elles semblent loin, les vertus chevaleresques héritées de ses interminables parties de Dragon Quest ! Elles seront pourtant ses meilleures atouts dans sa quête de vérité.

"Si t'es trop fier pour te traîner par terre, tu t'en sortiras jamais."

Pour fêter le 15ème anniversaire de la série Ryu Ga Gotoku (Yakuza / Like a Dragon par chez nous), le studio éponyme de SEGA a tenté un soft reboot de l'extrême. Car occuper les pompes d'Ichiban, ce n'est pas seulement faire le deuil de Kiryu et de son style de combat : c'est retrouver un monde que l'on croyait connaître, mais à l'aune d'un vécu et d'une sensibilité fondamentalement différents. Loin d'être un simple caprice de développeur, le recours aux codes du J-RPG donne matière à un mariage bienvenu entre récit initiatique, millefeuille parodique et satire sociale, ainsi qu'à une réflexion surprenante sur la place que peut occuper l'espace-temps du jeu vidéo dans la construction d'une individualité.

Dans le grand clair-obscur du monde, l'imaginaire du jeu vidéo est-il porteur de lumière ? Cap sur Yakuza : Like a Dragon !


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Sources et bibliographie

Nos recommandations :

  • Olbius : Lost (J. J. Abrams & Damon Lindelof, 2004) // First Cow (Kelly Reichardt, 2020)
  • Karel : Perfect Days (Wim Wenders, 2023) // The Fisher King (Terry Gilliam, 1991)

Musiques utilisées :

  • Flashygoodness - Title Theme (Bean Dreams) · Lien Bandcamp : https://urlz.fr/i6m7
  • Taylor Ambrosio Wood - Adventure for Percussion Quartet (TESSERACT: An Acoustic FEZ Album) · Label Materia Collective https://urlz.fr/i6ma